Grand Prix du Japon

Les nuages s'étaient amoncelés dans le ciel de Suzuka. Quelques traces d'humidité avaient même été observées pendant le warm-up, un quart d'heure avant le début de la deuxième et dernière séance de qualification de la saison 2003. La piste restait néanmoins sèche au moment où Nicolas Kiesa quittait le stand Minardi pour son premier tour.

Le jeune pilote Danois allumait les roues dès le premier freinage dans les S mais gardait le contrôle de sa PS03 pour finalement boucler l'affaire en 1'37"226. Moins chargée en essence, la monoplace de Jos Verstappen aura plus de facilité à atteindre le bout de son calvaire, en 1'34"975 malgré une sortie de virage 'sur le fil du rasoir' du Néerlandais.

Giancarlo Fisichella, aux prises avec une EJ13 très instable, avait toutes les peines du monde à conserver l'avantage sur la Minardi de Verstappen qu'il ne devancera que de 63 millièmes au final. Les mines déconfites de l'équipe Jordan ne s'éclairaient guère à l'issue du supplice de Ralph Firman qui s'est démené comme un beau diable pour prendre les commandes grâce à un temps de 1'34"771.

Jenson Button savait avoir une chance de prendre l'avantage si sa mécanique ne lui faisait pas défaut. Le jeune Anglais flirtait plusieurs fois avec les bordures mais gardait la BAR-Honda sur la bonne trajectoire jusqu'au terme de cet exercice pour s'emparer de la pole provisoire en 1'33"474... sous les applaudissements de Takuma Sato!

Justin Wilson ne rivalisera pas avec la performance de son compatriote, le pilote de la Jaguar accusant plus de cinq dixièmes de retard à l'issue du premier secteur. Au final, Wilson échouera avec un retard de... 83 millièmes. Cristiano Da Matta et sa Toyota ne cachaient pas longtemps leurs ambitions. Le Brésilien effectuait un 'sans-faute' et s'emparait de la pole provisoire, plus d'une seconde devant Button.

Olivier Panis savait à quoi s'en tenir et le Français confirmait d'emblée les prétentions de l'écurie nippone. Un peu large à Spoon, Olivier conservait un bon rythme mais cette petite erreur et une escalade musclée du vibreur de la dernière chicane reléguait sa TF103 à plus de quatre dixièmes de Da Matta.

A l'attaque, Heinz-Harald Frentzen sortait au-delà du vibreur sous le pont ce qui allait mettre à mal les revendications de l'Allemand pour sa dernière apparition en F1. Très agressif dès les premiers mètres, Takuma Sato perdait plus de six dixièmes dans le premier secteur. Le Japonais se ressaisissait ensuite mais pas suffisamment pour prendre l'avantage sur Frentzen.

Nick Heidfeld tentera de s'immiscer dans le trio de tête mais les performances de sa Sauber ne lui permettront pas de faire beaucoup mieux que Frentzen. Comme Wilson avant lui, Mark Webber perdait beaucoup de temps dans le premier secteur. L'Australien gardait toutefois un rythme très élevé et classera sa Jaguar dans le sillage des deux Toyota, garantissant aux deux TF103 une place dans les 10 premiers.

En retard d'un dixième à l'issue du premier secteur, Juan Pablo Montoya prenait 4 millièmes d'avance à l'issue du deuxième et coiffait la Toyota de Cristiano Da Matta de 7 longueurs seulement sur la ligne de chronométrage. Rubens Barrichello se montrait d'entrée bien plus véloce. La Ferrari du Brésilien intensifiait le rythme dans la deuxième portion et avalait la dernière pour casser, le premier, la barre des 1'32 au tour.

Fernando Alonso accusait un retard supérieur à 4 dixièmes au premier tiers du parcours, ce qui ne laissait guère d'espoir au jeune Espagnol. La Renault viendra se classer derrière les Toyota, quelques millièmes à peine devant la Jaguar de Mark Webber.

Premier prétendant au titre à s'élancer, Kimi Räikkönen ne s'inquiétait plus de sa sortie de route matinale. Le Finlandais attaquait son dernier tour chrono le couteau entre les dents mais l'apparition de quelques traces d'humidité lui donnait du fil à retordre pour extraire le potentiel maximum de sa MP4/17D. Il terminera entre la Jaguar de Webber et la BAR-Honda de Button.

La contre-performance de Kimi Räikkönen était suivie de celle de David Coulthard, confronté aux même difficultés pour ne pas perdre le contrôle de sa monoplace. Un morceau de la McLaren se détachera après le 130R sans déstabiliser plus l'Ecossais.

Les quelques gouttes qui parsemaient de plus en plus le parcours ne laissaient que peu d'espoir à Michael Schumacher, déjà relégué à plus d'une seconde de la pole position à l'issue du premier secteur. La Ferrari ne pourra faire mieux que le 14ème chrono sur la grille de départ demain au Japon.

Confronté à une piste de plus en plus humide, Ralf Schumacher faisait preuve d'une extrême prudence dans le premier enchaînement du tracé japonais. Sorti au-delà du vibreur sous le pont, il ne réussira pas à ramener sa FW25 à bon port suite à un tête-à-queue à la dernière chicane.

Jarno Trulli n'entamera même pas sa tentative chronométrée. Sorti en pneus 'slicks', l'Italien préférait regagner immédiatement le stand Renault pour ne pas prendre le risque d'abîmer le matériel. Une immense déception mais un résultat final surprenant qui voit donc Rubens Barrichello partager la première ligne avec Juan Pablo Montoya. Derrière, la deuxième ligne sera complètement aux couleurs Toyota, la stratégie du constructeur japonais étant certainement toute aussi surprenante que leurs positions de départ.

Alonso et Webber forment la troisième ligne d'une grille dont le Top 10 est complété par Räikkönen, Button et Wilson. Michael Schumacher s'élancera donc de la 7ème ligne, en compagnie de la star locale, Takuma Sato et sa BAR-Honda.