Grand Prix d'Allemagne

Question: Rubens, chaleureuses félicitations. Hier, vous avez déclaré que c'était la pire journée de cette saison, mais cela doit aujourd'hui sûrement être le meilleur jour de votre vie. Après huit ans en F1 et 123 départs en Grand Prix, remonter de la 18ème place pour votre première victoire, cela doit valoir la peine de le célébrer. Comment le vivez-vous?
Rubens Barrichello: Je trouve cela immense. Lors du dernier tour, j'ai entendu les personnes du muret me disant que j'allais gagner, mais c'est un si long tour ici. Et puis, cela fait si longtemps depuis ma dernière victoire que j'en avais presque perdu le goût. Et je peux vous promettre que cela devenait de plus en plus difficile aujourd'hui, car la pluie tombait à différents endroits. Hier fut si difficile que je pensais juste en moi que celui-ci devait être le mien. Je me suis dit que cela pourrait être bon, qu'il fallait rendre cela aussi simple que possible. Mais je ne peux toujours pas y croire...

Q: La course a été gagnée grâce à votre décision de rester en piste sur des pneus slick rainurés, à la fin du Grand Prix, lorsqu'il pleuvait fort dans la partie du stadium. Qui a pris cette décision?
RB: C'est l'équipe, nous sommes une grande famille. Ross m'a dit: "Mika vient d'entrer" et j'ai dit: "Je vérifie plusieurs choses, restons dehors pour un tour de plus". Après ce tour, il m'a dit: "Continue, Rubens, car en maintenant cette allure, tu vas gagner". C'était génial, car les slicks fonctionnait toujours vraiment bien dans les lignes droites et dans les trois chicanes. Mais avec six ou sept tours devant moi j'ai fait un "plat" sur le pneu avant gauche à la troisième chicane, parce qu'il bruinait un peu. Cela m'a inquiété et je ne pouvais pas voir très bien la piste. Donc j'en ai payé le prix... mais cela a parfaitement marché.

Q: Vous avez fait un premier relais éblouissant avant le premier de vos deux arrêts. Juste au début de la course, il y a eu un incident au premier virage: qu'avez-vous vu à ce moment?
RB: Pour être honnête avec vous, j'ai seulement vu que Michael était sorti de la piste lorsque j'ai rattrapé Pedro De la Rosa et Jarno Trulli, car c'est là que j'ai commencé à compter les places. J'étais si occupé jusqu'à cet instant que je n'avais pas compris qu'il n'était plus sur la piste.

Q: Mika, vous avez réussi à sauter du 4ème rang à la première place au départ. Comment avez-vous pu faire un si bon départ?
Mika Häkkinen: Ce fut un départ fantastique et je dois admettre qu'un tel départ ne se produit pas souvent. Bien sûr, David et moi nous sommes énormément entrainés aux départ pendant les jours d'essais, mais ce fut un des départs qui devra certainement entrer au livre des record de ma carrière. Je remercie vraiment toute l'équipe aussi. Ce sont mes ingénieurs qui mettent au point la tactique pour le départ et de cette manière ils me permettent de faire un bon départ. Je savais que si je ne rentrais pas dans une bonne position dans le premier virage, alors la vie serait très difficile après. Mais cela a fonctionné. Merci!

Q: Vous aviez presque gagné la course au moment où entrait pour la première fois la voiture de sécurité, moment que vous avez choisi pour entrer dans les stands pour les pneus. Normalement chez McLaren, c'est le pilote qui se qualifie le mieux qui subit le premier rappel au stand. Qu'est-ce qui est arrivé aujourd'hui?
MH: Eh bien, l'équipe m'a appelé. Je dois évidemment suivre les ordres et la décision s'est faite en ma faveur. J'en suis toujours étonné, pour être honnête. Cela aurait pu probablement se passer différemment, mais cette fois-ci ça a penché en ma faveur. Voilà...

Q: Avec du recul et en considérant que Rubens a gagné aujourd'hui avec des pneus type "sec", pensez-vous que cela fut la décision appropriée d'avoir fait ce dernier arrêt pour chausser des pneus "pluie"?
MH: En un sens, peut-être, mais l'on pourrait aussi dire que si j'étais resté en slick je serais sorti et aurais terminé dans la barrière. Nous avions une bonne voiture aujourd'hui, mais ce n'était pas facile de piloter. Et donc si nous avions continué en slick notre "vie" aurait été vraiment, vraiment, autrement plus difficile. Donc, d'une certaine manière, il nous faut déclarer que nous sommes vraiment heureux de ce résultat.

Q: David, au départ vous avez réalisé ce bien nommé "unique changement de ligne" devant la voiture de Michael Schumacher. Etait-ce une revanche?
David Coulthard: Non (rires)... J'ai simplement connu trop de patinage. Je savais que je faisais un mauvais départ dès l'instant où je me suis élancé de la ligne. Je voulais juste essayer de rendre le dépassement aussi difficile que nous sommes autorisés à le faire. Mais en fait je ne sais pas en réalité à quelle distance étaient les autres derrière moi. Tout ce que j'ai vu fut le dépassement de Mika sur moi...

Q: Quelle irritation avez-vous ressenti en étant assis derrière la voiture de sécurité en sachant que presque tout le monde avait déjà changé de pneus excepté vous? A cet instant, il a semblé que l'équipe avait appelé Mika à votre place vous condamnant probablement à ne pas marquer de points...
DC: C'est ce qui peut apparaître, mais en fait il y avait une petite confusion de ma part. Je devais passer au ravitaillement lors de ce tour de toute façon, mais je n'ai pas entendu la radio dans la section du Stadium et ensuite Mika a viré vers les stands avant moi. A cet instant, je ne savais pas que la voiture de sécurité était en piste, donc je pensais qu'il y avait eu sans doute un peu de confusion sur l'ordre d'entrée. C'est pourquoi je suis passé devant et j'ai continué. Puis je me suis rendu compte que la voiture de sécurité était sortie. C'est un de ces jours de malchance où les choses ne fonctionne pas en ma faveur. Oui, cela aurait pu être une grande aide si je m'étais arrêté comme prévu sur ce tour. Mais je suis tout de même heureux d'être assis ici avec quatre points et de me rapprocher plus près que jamais du leader d Championnat du monde.

Q: A la fin de la course, vous avez attendu quelques tours après Mika pour chaussé les pneus "pluie". Pourquoi l'avez-vous fait alors que vous saviez que Rubens courait toujours sans incident sur des pneus type "sec"?
DC: Il est trop simpliste de déclarer qu'il n'avait "aucun problème". Je suis sûr que de son point de vue ce fut incroyablement difficile, comme cela l'était pour tout le monde. J'ai voulu attendre, comme Rubens l'a expliqué plus tôt, découvrir exactement quelle était la différence dans les temps entre pneus "pluie" et "sec". Puis il est arrivé le moment où j'ai pris une décision - et c'était au dernier moment, parce que je l'ai fait juste un virage avant que je n'arrive à l'entrée de la ligne des stands - alors que c'était déjà assez mouillé et la pluie tombait sur le tracé de la zone des chicanes. J'ai pensé qu'un changement vers les "pluie" serait la manière la plus approprié de continuer, car si vous changez juste de pneus l'arrêt ne prend pas autant de temps que si vous preniez aussi le carburant. Je ne sais pas où j'aurais terminé si j'étais resté en pneus rainurés, mais à l'instant où j'ai pénétré dans les stands j'étais en 4ème ou 5ème place - et là je suis maintenant 3ème. Cela a remis mes espoirs au championnat sur la voie où ils étaient avant la voiture de sécurité.

Q: Rubens, vous êtes toujours en 4ème place dans le Championnat Pilotes, mais maintenant vous êtes seulement dix points derrière votre coéquipier Michael Schumacher en haut du classement. Estimez-vous que vous avez maintenant une chance d'être Champion du monde?
RB: Hé revenez par là, parlons de cette victoire! Cela a été si long. Il est bon de travailler avec Ferrari, en plus: tout le monde a parlé de numéro 1 et numéro 2, mais cela n'importe pas. Ils me donnent la voiture et la voiture a parfaitement fonctionné. Oui, j'ai eu de la chance aujourd'hui, à cause de l'incident lors du premier tour et par la manière parfaite dont ma stratégie a fonctionné. Fêtons cela ce soir et passons un bon moment!